Depuis la fin des années 90, les céramiques de Picasso connaissent un intérêt grandissant. Boudées dans un premier temps par les conservateurs de musée et les commissaires d'exposition qui n'en saisissaient pas la teneur, elles ont trouvé leurs lettres de noblesse auprès des collectionneurs. Ces objets décoratifs constituent un investissement intéressant car la cote est en constante augmentation. Cette semaine, nous vous présentons une exceptionnelle collection de céramiques réalisées par Picasso à Vallauris dans l'atelier Madoura entre 1948 et 1971.
Les décors des céramiques de Picasso reprennent les thèmes de ses œuvres à l'image de ces pichets zoomorphes représentant des volatiles. L'artiste vouait effectivement une véritable fascination pour les oiseaux de nuit. Les chouettes et les hiboux lui ont inspiré de nombreuses sculptures et céramiques. On retrouve d'autres sujets récurrents tels que la colombe, des portraits, la tauromachie ou encore la danse.
Pablo PICASSO
Chouette aux plumes, 1950
Pichet en terre de faïence blanche
Email blanc, engobe noir et brun au pinceau, partiellement gravé au couteau
Réalisée dans les ateliers Madoura (Vallauris)
Authentifiée par le cachet de l'atelier (Madoura plein feu), annotée Edition Picasso
Edition limitée à 300 exemplaires
Eclat et manque à la base.
Hauteur 30 cm environ
Références :
- Catalogue raisonné des céramiques de Picasso : Alain Ramié n°122
A la fin des années 40, Picasso dessine ses premières céramiques, invente ses propres formes et réalise le décor de ses pièces. Pour les concevoir, le maître catalan utilisait différentes techniques comme l'incision, l'engobe, l'émail. Les couleurs obtenues par la cuisson lui permettent d'expérimenter à l'infini et de perfectionner la fabrication des engobes. L'engobe est un revêtement mince à base d'argile délayée (colorée ou non), appliqué sur une pièce céramique (tesson) pour modifier sa couleur naturelle.
Pablo PICASSO
La colombe, 1948
Grand plat en terre de faïence blanche, décor aux engobes, partiellement glacé, gravure au couteau
Réalisé dans les ateliers Madoura (Vallauris)
Portant au dos la mention "Edition Picasso" et "Madoura Plein feu"
Edition limitée à 450 exemplaires
31.5 x 38.5 cm (environ 5 cm d'épaisseur)
Références :
Catalogue raisonné des céramiques originales de Picasso, Alain Ramié #77.
A partir de 1964, il perfectionne la technique de la linogravure qu'il adapte à sa pratique de la céramique. Les linocéramiques résultent d'un moulage en plâtre de la plaque de linogravure, puis d'un surmoulage en terre cuite. Avec cette production de céramique, Picasso voulait rendre ses œuvres accessibles au plus grand nombre en leur conférant une fonction utilitaire. On retiendra notamment cette célèbre phrase soufflée à André Malraux : « J'ai fait des assiettes, on vous a dit ? Elles sont très bien. On peut manger dedans (..) »
L'histoire de la collaboration entre Pablo Picasso et l'atelier Madoura
Tout commence en 1946 lorsque Picasso se rend à Vallauris avec sa compagne Françoise Gilot. Il y fait la rencontre de Georges et Suzanne Ramié, propriétaires de l'atelier Madoura lors d'un salon de céramique. Le célèbre atelier de Vallauris est l'acronyme des premières syllabes des noms, Maison, Douly (nom de naissance de Suzanne) et Ramié. Les deux époux fondent l'atelier afin de permettre aux artistes de l'époque de renouveler l'artisanat par la création de céramiques.
L'année suivante, Picasso revient à Vallauris avec plusieurs idées et démarre ses premières créations. Il s'installe dans la ville de 1948 à 1955 où il navigue entre la création de sculpture dans son atelier du Fournas et la production de céramiques dans l'atelier Madoura. Cette dernière est prolifique, on l'estime à environ 4500 pièces. L'atelier Madoura devient l'éditeur exclusif de l'œuvre en céramique de l'artiste espagnol.