En 2021, César aurait eu 100 ans. Consacré lors d'une importante rétrospective au centre Pompidou en 2017, l'artiste des Fers soudés, Compressions, Expansions et Empreintes n'a cessé de questionner la manière dont l'artiste pouvait intervenir sur les matériaux. Cette semaine, nous vous présentons une pièce unique du sculpteur illustrant un des gestes les plus radicaux de l'art du XXème siècle : la compression.
Une des premières compressions de l'artiste
L'artiste accumule les objets de consommation et les rebuts, leur conférant une seconde nature en les figeant à tout jamais dans des compressions qui seraient comme les vestiges d'une époque. Les objets et rebuts du quotidien deviennent des sculptures à l'allure baroque. Cette compression d'accroches de cannettes est une pièce unique datant de 1959. César est donc aux prémices de sa démarche.
CESAR
Compression, 1959
Compression d'accroches de cannettes
signée en bas au centre
Oeuvre unique
Des sculptures critiquées
A la fin des années 50, César défraye la chronique avec ses premières compressions. Présentées lors du Salon de Mai de 1960, trois voitures réduites à l'état de tôles font scandale. Peu de temps auparavant, l'artiste avait découvert une presse hydraulique dans une casse de Gennevilliers. La machine en question est tellement puissante qu'elle peut réduire n'importe quelle voiture à l'état de parallélépipède de métal. La voiture n'est plus et en signant le résultat de la compression, l'artiste s'approprie la sculpture façonnée par la machine.
Pourtant, César a eu du mal à assumer ces nouvelles sculptures. Issu d'une formation classique, sa nouvelle démarche va à l'encontre de celle d'un sculpteur traditionnel dont les mains s'approprient la matière. Il n'est pourtant pas en rupture avec ses précédentes réalisations (Les Fers Soudés) qui emploient de la tôle froissée. César réalise en effet ses premières œuvres avec des morceaux de ferrailles récupérés et s'approprie les objets de la société de la consommation « La vieille ferraille traînait partout, je suis devenu sculpteur parce que j'étais pauvre ».
Ainsi, il se situe même dans une forme de continuité dans l'utilisation du déchet. Malgré le scandale, César persiste et signe en développant des compressions pour des objets de plus petites dimensions. Ces sculptures totémiques sont mêmes devenues des icônes du cinéma français. En 1976, le nom de l'artiste est repris pour nommer la prestigieuse cérémoniequi récompense les lauréats par un trophée reprenant une compression de l'artiste conçu en 1975.
Couvrez ce sein que je ne saurais voir
Une autre sculpture fera également parler d'elle : le sein. La forme fut prélevée en 1965 sur la poitrine d'une danseuse du Crazy Hors à l'aide d'un autre procédé : le pantographe.
Cet outil industriel, permet point par point de reproduire n'importe quel objet/forme à l'échelle désirée. Un an plus tard, il reproduit également son pouce qui devint une de ses sculptures les plus célèbres.
CESAR
Sein, 1965
Bronze à patine dorée
signé « César », daté « 1965 » et numéroté /8 en creux.
Depuis quelques mois, on observe une évolution des prix de vente de César. Cet engouement pour les œuvres de l'artiste peut s'expliquer par le fait que 2021 marque l'année du centenaire de sa naissance. La Fondation César a annoncé une célébration transatlantique avec des exposition en France et aux États-Unis organisées par la Galerie Almine Rech cet été et à l'automne 2021.