Léonard Tsuguharu Foujita (1886–1968), ami de Modigliani et Picasso a fait de la femme et des chats ses sujets de prédilection. Cette semaine, laissez-vous séduire par le sublime trait de cet artiste incontournable des Années folles.
Le prodige du trait
Dans le Nu Allongé, Foujita a représenté une femme allongée sur le dos, les jambes repliées sur le côté. On y retrouve l'essence même de l'œuvre de l'artiste avec le traitement si particulier de la peau laissée en réserve, le trait chaloupé, l'accent mis sur les cheveux et le modelé qui font alors ressortir la blancheur de la peau de ses modèles. Cette gravure originale à l'aquatinte est rehaussée d'aquarelle blanche. Elle a été éditée à 100 exemplaires et 10 épreuves d'artistes, cela en fait donc une estampe assez rare. Justifiée E.A. VI (épreuve d'artiste 6), elle est également référencée au catalogue raisonné Buisson #30.57 (volume II, page 513).
Tsuguharu FOUJITA (1886-1968)
Nu Allongé, 1930
Gravure originale à l'aquatinte, rehauts d'aquarelle blanche
La caractéristique première de ses œuvres demeure sans nul doute la finesse de son trait. Ce dernier, reconnaissable entre mille, précis et sensuel est hérité des de son apprentissage. Entre classicisme et modernité, Foujita procède à une synthèse inédite de la tradition calligraphique japonaise et de son héritage occidental. Admiratif des grands maîtres : Vinci, Titien, Manet, Foujita s'affranchit des codes de ces artistes pour proposer une vision très personnelle du nu féminin.
« Je crois que les félins ont été donnés aux hommes pour qu'ils fassent auprès d'eux l'apprentissage de la femme ».
Tsuguharu FOUJITA
Chat au grelot, 1924
Gravure originale (eau-forte sur fond d'héliogravure)
Ces deux thèmes sont repris inlassablement par le peintre japonais qui dans les années 1920 est l'un des artistes les plus en vogue de l'Ecole de Paris.
Le marché des oeuvres de Léonard Tsuguharu Foujita
Les grandes huiles sur toile représentant des nus sont sans conteste les œuvres les plus recherchées de l’artiste. Régulièrement, Foujita représentait un nu et un chat dans la même œuvre. L’un des records de l’artiste est détenu par un grande peinture intitulée Nu au chat adjugé plus 3,5 millions d’euros. Les dessins de l’artiste peuvent eux aussi atteindre des prix importants. Certaines gravures et lithographies mettant en scène des nus sont particulièrement recherchées. Plus accessibles que les huiles ou les dessins, les prix des estampes oscillent entre 3500 et 15 000 € et peuvent parfois atteindre plus de 100 000 € pour des séries complètes.
Si les nus de Foujita vous fascinent, le musée Faure (Aix-les-Bains) vous invite à découvrir l’exposition Foujita : les nus des années 20 jusqu’au 31 octobre.
Biographie
Né à Tokyo en 1886, Tsugouharu Foujita ou Tsuguharu Fujita, est un artiste complet (peintre, dessinateur, graveur, illustrateur, céramiste, photographe, cinéaste, créateur de mode...) de renommée internationale. Lorsqu'il arrive à Montparnasse en 1913, les compositions cubistes et les peintures du Douanier Rousseau de l'atelier de Picasso le poussent à intégrer l'avant-garde de l'Art moderne. Foujita devient un des plus importants membres l'École de Paris. Il se lie d'amitié avec Modigliani, Pascin, Moïse Kisling, Chana Orloff, Soutine, Derain, Vlaminck, Fernand Léger, Juan Gris, Matisse...
Sa première exposition personnelle en juin 1917 est un triomphe ; il expose 110 aquarelles dans un genre mi japonais, mi-gothique. Il est de tous les salons de peinture à Paris, Bruxelles, en Allemagne, aux États-Unis et au Japon. Il connait un triomphe durant les Années Folles à Montparnasse : Ses tableaux de femmes, d'enfants et de chats entrent dans les plus grandes collections.
En 1955, il obtient la nationalité française. Il se convertit au catholicisme 4 ans plus tard et prend le nom de Léonard. En 1964, il décide avec René Lalou de bâtir et décorer la chapelle Notre-Dame-de-la-Paix (chapelle Foujita) à Reims. Léonard Foujita meurt en 1968 à Zurich.