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Rencontre avec Tehos, un artiste protéiforme

Tehos - Crime scene V-01, 2021 - Impression signée au crayon

Né en 1966, Tehos est un artiste contemporain français, vivant à Nice. Son travail protéiforme explore plusieurs techniques artistiques, collage, aérosol, peinture, photographie, vidéo, et installations. Il a été exposé et publié dans de nombreux pays. Rencontre.

Quel était l’art qui vous intéressait ? Est-ce cet art-là que vous avez fait ?

La façon dont on s’exprime dans l’art vient de notre culture. Je n’avais pas du tout de culture artistique quand j’ai commencé. Il faut chercher, avancer à tâtons. En tant qu’artiste il me paraît nécessaire d’apprendre ce qui a été fait, pour pouvoir avancer.

Comment avez-vous appris à être artiste ?

Ça ne s’apprend pas, c’est inné. C’est ce qu’on a dès le départ. Après le reste, ça se travaille. Évidemment il faut beaucoup de travail, ça ne se fait pas tout seul. Mais il y a quelque chose qui ne s’apprend pas, quelque chose que vous avez, point.


Quelles ont été les étapes de votre développement en tant qu’artiste ?


J’ai commencé sur internet. On lance quelque chose, à un moment on se fatigue un peu dessus, on cherche une autre voie, parce qu’on n’arrive plus à progresser, avancer dans un domaine, donc on cherche autre chose. L’inspiration ne tombe pas du ciel. C’est progressif. Ce qui me fait avancer, c’est systématiquement une idée. Au début on s'aperçoit que ça a déjà été fait, mais on s’en aperçoit sur le tard, c'est-à-dire quand on l’a déjà fait.

 

C’était quoi sur internet ?

J’ai commencé à y vendre mes œuvres, il y a quelques années, après avoir travaillé dans d’autres domaines sur internet. Au tout début, les galeries, on ne les intéressaient pas. Il y avait un espace ouvert, que personne ne prenait au sérieux: internet. En 2005, je n’étais même pas encore en France, et on utilisait déjà les plateformes.

 

Ce sont toujours les mêmes plateformes ?

Non, le marché a beaucoup évolué, s’est professionnalisé. Si je vous parle d’un aspect purement marketing. Il y a des choses qui marchaient avant, qui ne marchent plus. La clientèle évolue.

C'est-à-dire ?

Elle se déplace d’un endroit à un autre. Il y a 10 ans on avait de vrais collectionneurs sur Ebay. Aujourd’hui ce n'est pas la peine, ils ne sont plus là, car d’autres plateformes se sont développées, comme la vôtre. Il s’agit d’une clientèle qui ne va pas avoir envie de fouiner entre l’artiste amateur et le professionnel. Il y a des endroits qui ne fonctionnent plus du tout, puis il y en a d’autres qui émergent.


Pourriez-vous décrire votre démarche derrière les canettes ?

J’ai travaillé sur ces canettes. A un moment donné, j’en ai fait beaucoup, avec des papiers découpés. Ce n’est pas du tout Warhol qui m’a inspiré, mais plutôt Manzoni, “Merde d’artiste”. J’avais envie de m’amuser avec des icônes. Oui ce sont des icônes pop art si on parle de Mao et de Marylin Monroe, Al Capone, j’en ai fait une dizaine comme ça... Mais avec des phrases décalées en dessous. Il faut lire les phrases, il y a toujours des références un peu rigolotes. C’est léger, ce ne sont pas des œuvres qui ont une densité particulière. C’est un amusement, mais ça marche bien. C’était un pied de nez d’un côté au pop art, et de l’autre à cette boîte de conserve de Manzoni.

Tehos - Mao Soup - Impression digitale signée au crayon

Tehos - Mao Soup, 2020- Impression digitale signée au crayon

 

Il y a aussi un “I am an artist, and you ?” ?

J’ai beaucoup travaillé sur des phrases. Des gens qui m’ont inspiré dans l’art. J’aime le lettrisme, qu’il y ait un message.

 

Tehos - Ich bin Künstler und du? - Digitaldruck mit Bleistift signiert 2

Tehos - I am an artist and you ? - Impression digitale signée au crayon

 

Il y a des artistes lettristes que vous aimez particulièrement ?

Si vous voulez, l’origine du lettrisme, c’est Isidor Isou. Vous retrouvez à l’intérieur des gens comme Ben. On s’est croisé, on se croise quelques fois, on habite la même région. Je trouve que ce type a une intelligence rare. Il a 80 ans, quand vous discutez avec lui, il a une vivacité d’esprit incroyable. Un jour, dans une discussion, il balance que le beau dans l’art ça ne sert à rien, mais qu’il faut qu’il y ait quand même un message. Le message est important dans l’art, parce que, petit ou grand artiste, ce n’est pas ça. Chacun essaye de s’exprimer à sa façon. Pourquoi pas mettre des mots dans l’art et essayer d’y avoir des phrases.


J’ai fait toute une série de tableaux, des collages, qui étaient plus proches du street art, avec des messages politico-humanitaires. Il y avait des silhouettes noires. Et à un moment donné, j’étais un peu lassé. Un jour, je suis allée décoller les affiches, j’ai pris des affiches dépliées, j’avais des phrases qui sont là, qu’on garde. Quand on y réfléchit. Moi je suis artistes, et vous, qu’est-ce que vous faites ? J’ai mis ça dans un paquet, entouré d’une ficelle, parce que moi, mon paquet à moi c’est d’être un artiste, c’est ça que je vous vends !

Là, actuellement vous exposez, vous avez déjà exposé ?

J’ai fait quelques expositions, en Asie, 2, 3 fois à Hong Kong, en Angleterre, j’ai fait quelques foires d’art contemporain. J’ai fait quelques expositions ici, à Nice, mais je ne suis pas un grand fan des expositions. C’est beaucoup d’énergie !

Donc votre parcours c’est plus production, création, vente et collection: comment faites- vous intervenir le public ?

Pour parler clairement. C’est en fonction de ma trésorerie. Parfois je ne peux pas garder, donc je vends, et parfois je peux garder, donc je garde. Parfois, la nécessité fait que c’est le circuit que vous m’indiquez. Je produis, puis il faut que je vende parce qu’il faut payer les frais. On est guidés par des raisons qui sont aussi économiques. J’aimerais bien ne rien vendre et avoir cet idéal et cette possibilité de conserver des choses, organiser de grandes expositions, faire de grands tableaux, les placer sur des murs, mais parfois j’ai pas le temps, ni les moyens.

 

Quelles sont vos œuvres qui marchent le mieux ?

Celles qui marchent, ce ne sont pas celles que je préfère. Mon sentiment c’est que l’art est en train de devenir comme le prêt-à-porter. L’art avec un grand A, demande un certain effort du public pour le comprendre. A force de faire de l’art, notre œil évolue. C’est comme dans la musique, votre sensibilité évolue par la pratique.
On n’est plus dans l’art, on est dans une production de masse, avec les cannettes par exemple. On est dans la décoration, le divertissement. J’essaye néanmoins d’ajouter un message.

Les canettes marchent, parce que ce sont des références, donc tout de suite ça attire. J’ai fait toute une série de tableaux, avec des bandes de papier verticales très fines, qui sont beaucoup plus difficiles à vendre. C’est parfois beaucoup plus cher aussi. Ça se vend plus cher, c’est plus compliqué à faire.


On dira plus “c’est joli”.

Plus que “oh, qu’est-ce qu’il a voulu dire ?”, c’est exactement ça. C’est un objet qui leur plaît, c’est un coup de cœur. Il y a d’abord un coup de cœur. Il ne peut pas y avoir un grand débat. L’artiste ne peut pas balancer 4 pages pour expliquer son œuvre, parce que personne ne va le lire. On peut expliquer en 3, 4, 5 lignes. Notre société va très vite, avec Instagram, Facebook, 1 minute, 2 minutes d’attention, si vous ne les avez pas accrochés, ils passent à autre chose. Ce qui est dommage dans ces phénomènes de mode qui existent aujourd’hui dans l’art, c’est que parfois il y a des choses très intéressantes, on a pas le temps de les développer, que déjà ça n’intéresse plus personne.

Vous voudriez avoir une voix ?

C’est difficile d’acquérir ce que vous dites, une voix. Il y a deux manières pour le faire, soit vous imposez votre “œuvre", qui vous est très personnelle, vous arrivez, à force de ténacité, à rencontrer votre public. Soit vous surfez sur des tendances existantes, et là vous rencontrez un public à coup sûr, mais ce n’est pas sans compromis. Parvenir à imposer quelque chose, c’est plus compliqué.

 

Tehos participe à la tombola du Téléthon cette année. Envie de faire une bonne action et tenter de gagner son œuvre ? C’est par ici : Téléthon 2021 – Stars-Solidaires

 

Interview : Albane Chauvac Liao

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