La Maison Européenne de la Photographie (MEP) rend hommage jusqu’au 26 mai, au travail de trois jeunes photographes étrangers, très inspirés de la culture et des paysages asiatiques : La coréenne Yoonkyung Jang, l’espagnol Coco Capitan, et la chinoise Ren Hang.
Les trois artistes créent d’une manière tout à fait personnelle, mais nous pouvons tout de même les comparer grâce à leur intérêt pour la photographie de mode, le voyage, le corps, ou encore le rêve, que chacun traite différemment.
Yoonkyung Jang fut directement récompensée par le jury Dior, grâce à sa série « Glimpse of us », exposée dans son intégralité à la MEP. Ses portraits féminins floutés et aux couleurs pastelles, se sont démarquer, tout en restant liés à l’image de la féminité actuelle, douce mais affirmée. En effet, le voile qui recouvre les clichés, et l’utilisation unique de l’argentique, apportent légèreté et douceur aux œuvres. Coco Capitan est, elle plus « crue », avec des couleurs chaudes et des messages forts, dans ce qu’elle photographie, film, et note dans ses nombreux journaux de voyage, ce qui n’est pas pour déplaire à d’autres marques de luxe telles Paco Rabanne, Mulberry, Maison Martin Margiela ou encore A.P.C, Alessandro Michele, puis Gucci. Cette dernière collaboration lui vaut une exposition de ses phrases sur les murs de New-York et de Milan. Phrases que l’on retrouve sous différentes formes lors de l’exposition. Mais une autre vision de la mode nous est offerte, avec le regard vif et déroutant de Ren Hang, artiste homosexuel, qui s’est suicidé à l’âge de 29 ans en 2017. Malgré son jeune âge, il était déjà reconnu à travers le monde, a exposé de nombreuses fois à l’étranger, et certaines de ses photos ont été publiées dans des magazines comme Purple ou Numero. L’artiste cherchait à représenter le nu de façon esthétique, intime et libre, avec des modèles trouvés dans son entourage, mais aussi grâce à des propositions d’inconnus depuis son site, sur lequel il partageait à propos de la dépression.
Mais même si la mode est au centre de l’exposition, une sorte de rêverie inconsciente anime les trois photographes. Les images de nus, ne sont pas là pour choquer mais invitent plutôt au laissé aller. Les photos de Ren Hang gardent toujours un aspect énigmatique, mystérieux. Il joue avec le hors-cadre, les objets, les paysages, la lumière, ou même les animaux (poissons, oies, paon ou serpents), qu’il place à l’égal de ses modèles. Une sorte de pureté et de simplicité émanent de son art, pourtant inimitable.
Ainsi, la MEP a su nous faire découvrir, ou redécouvrir, les mondes envoutants et très différents de ces trois artistes contemporains. Nous pouvons imaginer avant de s’y rendre, que le parcours ne donne à voir qu’un rapide coup d’œil de leur travail. Pourtant, la sélection réalisée semble très représentative de chacun des projets. Plusieurs séries de chaque artiste sont exposées, ce qui peut troubler le spectateur, ne sachant plus qu’elle série appartient à quel artiste.